Conseil municipal du 23 février 2023

Ce Conseil était destiné principalement au débat d'orientation budgétaire. Nous avons proposé des amendements pour adopter un autre budget - refusés par la majorité.

Intervention de Bernard Legrand dans le cadre du Débat d’Orientation Budgétaire

Les orientations budgétaires donnent le la des priorités et des non-priorités d’un exécutif, c’est un moment de révélation des choix politiques d’une équipe. Dans cette vision, le DOB pourrait être un moment démocratique important, mais la pratique montre les limites du process et du rôle de l’opposition. Je vais d’abord vous raconter une petite histoire, vous savez que je les aime bien, je suis un ancien, j’ai un peu de mémoire. Il s’agit d’abord d’une remarque envers M. le Maire et Mme la Première adjointe qui abondent régulièrement de sarcasmes, accusant l’opposition de ne pas faire son travail – nous l’avons constaté l’année dernière et dans la précédente commission à l’encontre d’Elke Hallez.

Ceci rappelé, il y a quand même deux raisons qui ne permettent pas à l’opposition de faire un DOB complet – ce qui ne nous empêche pas de travailler :
– le manque de moyens, sans les ressources importantes des services financiers de la mairie avec un super directeur financier ;
– le peu d’utilité au vu de la non-écoute de l’équipe en place à toute proposition.

Nous le voyons sur des propositions assez basiques qui ne sont jamais discutées. Cependant, nous avons participé aux débats budgétaires et proposerons pour le prochain conseil municipal plusieurs amendements budgétaires. Nous faisons donc le travail à notre niveau.

I. Le contexte
Il y a trois aspects généraux essentiels et deux aspects locaux, propres à Francheville. Vous avez pris certains aspects en compte, mais nous souhaiterions que vous le fassiez plus. Si vous voulez un travail constructif, c’est à partir d’un contexte, c’est lorsque l’on est d’accord sur le contexte que l’on peut mener des actions.

I1) L’évolution du climat, les préoccupations écologiques, les impacts sur la santé.

La crise Covid a eu un rôle d’accélérateur, je ne vais pas vous l’apprendre. C’est évidemment un vaste sujet, mais je le ramène sur les aspects ayant un rapport avec la municipalité. Ce ne sont que quelques sujets, mais en creusant nous pourrions en trouver d’autres. Cet aspect est général, il n’est pas propre à Francheville, mais comme dans la population franchevilloise, beaucoup de personnes ont reçu une éducation supérieure, c’est d’autant plus accéléré.

La recherche de déplacements plus efficaces, moindres, plus économes en énergie, en temps et en argent va obligatoirement vers moins de voitures, même si c’est lent et que tout le monde ne peut pas le faire ; dans certaines villes, c’est beaucoup plus accéléré que chez nous. C’est également plus de transports en commun et des déplacements doux. Il y a une demande croissante de consommation plus vertueuse :
– faire des économies d’énergie, de plus en plus de personnes cherchent à en faire, pas uniquement pour des questions financières mais également pour des questions de fond ;
– consommer local.

A contrario – puisque l’on s’occupe de tout le monde dans une mairie – il y a le rejet d’une partie de la population, certes en diminution mais dont il faut tenir compte, qui voit ces préoccupations comme des contraintes à leur fameuse liberté, comme si on avait une liberté générale pour tout, avec : « touche pas à ma bagnole, touche pas à ma consommation ! ». Ils existent et il faut en tenir compte, il faut voir ce que l’onpeut faire pour qu’ils ne se sentent pas frustrés par toutes les actions menées et qu’ils finissent peut-être un jour à être moins agressifs, voire à y participer.

Tel est le premier aspect général, que nous retrouvons dans beaucoup d’actions que nous avons à faire.

I2) La solidarité, le vivre ensemble.

Là aussi, le Covid a été un accélérateur. Nous le sentons fortement dans certaines associations, à la sortie du Covid, une partie de la population a le besoin fondamental de tisser plus de liens avec ses proches. Dans une ville, c’est vraiment très fort, c’est le bon niveau, ce n’est pas le niveau Métropole mais le niveau ville qui travaille sur ce point.

Par rapport à Francheville, nous ferons une remarque vis-à-vis de cette solidarité et ce vivre ensemble : nous avons une opportunité, le nombre de retraités à Francheville augmente, c’est en particulier dû à l’immobilier. Ils ont du temps – c’est évidemment du temps partiel – et pourraient être orientés vers le soutien au vivre ensemble et à la solidarité, si nous arrivons à bien nous y prendre. Je suis convaincu que des actions peu coûteuses peuvent être menées pour faire évoluer ce potentiel d’année en année. Le terme « potentiel humain » n’est pas le bon, il s’agit de profiter de cette opportunité et de ces retraités qui augmentent dans certains quartiers.

 

I3) L’éloignement des citoyens des politiques

 C’est un aspect de contexte général qui nous paraît intéressant à souligner : l’éloignement des citoyens des politiques, et de la politique en général.  Il y a surtout un désintérêt. Il faut remarquer que l’on peut arriver à fédérer des énergies, vous y avez participé grandement, Monsieur le Maire – je dis « Monsieur le Maire », parce que c’est bien votre histoire précédente – il y a des cas particuliers, des crispations sur le barrage où on arrive à faire du collectif. Il y a donc un désintérêt général, sauf cas particuliers. En général, les élus sont lointains et peu connus. Vous menez des actions pour essayer de contrecarrer cela, mais c’est un fait, c’est ainsi ; les gens connaissent de moins en moins les élus. Combien de personnes connaissent le nom des adjoints ? Je suis convaincu que le nombre de personnes le sachant a diminué.

Cela signifie qu’il faut essayer de construire une vision de notre vie commune, des projets communs qui fassent sens collectif ; nous ne parlons pas de projets participatifs, qui sont bien sûr très bien, mais de la participation générale à la vie politique. Il faut trouver des moyens, il y a des communes qui essayent de faire des choses, et il faut faire quelques assemblées. L’éloignement est un problème de fond auquel il n’y a, a priori, qu’une solution : trouver des projets communs et des moyens de participation.

II Le contexte local

Le premier, c’est notre population. Je ne vous apprends rien, il s’agit juste de porter à votre réflexion le fait que notre population est contrastée, les gens sont très différents ; les communes autour de nous n’ont pas ces gros blocs de population, ce ne sont pas de petits morceaux.

Nous avons :

– Des propriétaires, cadres, en famille qui constituent un bloc, avec un certain nombre de besoins, mais je n’entrerai pas dans les besoins. Au vu de l’augmentation de l’immobilier, cette population augmente beaucoup dans certains quartiers, elle a remplacé des gens qui n’étaient pas des cadres actifs, en famille. Cette population a des revenus élevés par rapport à la moyenne française ;

– Des propriétaires aisés, de par leur immobilier, qui vivent seuls parce que leurs familles sont parties. Certains d’entre nous font partie de cette catégorie ;

– Des jeunes locataires, parce qu’il y a eu une construction dynamique, qui sont en famille ou pas ;

– Une grosse proportion de populations fragiles économiquement, vous savez où elles sont situées, dans une partie du Chater. Ces personnes ont absolument besoin de la solidarité pour vivre correctement, c’est un besoin vital. Je ne dis pas que les autres n’ont pas besoin de la mairie car ils sont des besoins culturels et d’écoles en bon état, mais cette population-là a deux caractéristiques : elle a également besoin du reste, peut-être encore plus besoin des transports en commun parce qu’elle n’a pas les moyens d’avoir une voiture, mais elle a besoin de la solidarité de l’État et la commune.

L’enjeu de ce contexte est de trouver un maximum de projets qui répondent à tout le monde, parce que c’est plus efficace, tels que des constructions. Dès lors que les infrastructures existent et conviennent, elles n’évoluent pas beaucoup, mais il y a un besoin de fonctionnement parce qu’il faut accompagner ces populations. J’ai lu que vous sanctuarisiez les subventions et que vous accompagniez les associations. Certes, la municipalité les accompagne puisqu’elle leur donne de l’argent, mais avec 10 % d’inflation en deux ans, leur potentiel d’intervention a baissé de 10 % en deux ans. C’est aussi simple que cela.

Le second aspect local, propre à toutes les villes de la métropole, c’est justement d’être devenu une Métropole. Je sais que vous en tenez compte, mais il est fondamental de se demander ce qu’est une ville dans une métropole, ce que cela comporte avec la concurrence entre villes par rapport à la Métropole. Ce sont des contraintes et des opportunités. C’est un sujet de fond qui doit être pris en compte dans un budget, nous en discutons régulièrement, car nous pensons qu’il ne l’est pas suffisamment, peut-être en raison de votre position politique.

Je donnerai un seul chiffre à ceux qui ne l’auraient pas calculé : la Métropole a un budget d’un peu plus de 2 500 €/habitant franchevillois, par an – j’ai pris le budget de la Métropole, que j’ai divisé par le nombre d’habitants, je ne suis pas allé chercher plus loin. 2 500 € multipliés par 1,2 Millions, cela fait 3 Md€. Nous, nous avons 1 000 € et quelques.  Il ne s’agit pas de dire qu’on n’a rien à faire, au contraire, mais on le fait au sein de la Métropole ou, pour beaucoup de choses, pas du tout.

Rapport d’orientation budgétaire sur le site de la ville